Située au 42 Avenue des Gobelins, 75013 Paris
Nous y arrivons vers 14 h 30 et sommes divisés en deux groupes avec deux jeunes conférencières.
La Manufacture est créée en avril 1601 sous l'impulsion d'Henri IV, à l'instigation de son conseiller du commerce Barthélemy de Laffemas.
Elle dépend de l'administration générale du « Mobilier national et des Manufactures nationales de tapis et tapisseries » qui regroupe le Mobilier national, la Manufacture de tapisserie des Gobelins, la Manufacture de la Savonnerie et la Manufacture de Beauvais.
Les manufactures des Gobelins, de la Savonnerie et de Beauvais sont trois hauts lieux de la tapisserie et du tapis en France. Les priorités en sont l'ameublement des bâtiments de l'État et la poursuite d'une tradition, avec la conservation des techniques anciennes et le maintien d’une qualité traditionnelle appliquée aux expressions artistiques contemporaines.
Un peu d’histoire.
La première mention d'un Gobelin date de 1443, quand Jehan Gobelin, d'une famille qui paradoxalement ne fabriqua aucune tapisserie, établit sur les bords de la Bièvre, coulant en ce temps-là à ciel ouvert, un atelier de teinture.
Jehan Gobelin était donc, vers le milieu du xve siècle, un teinturier de laine réputé pour ses rouges à l'écarlate. Sa nombreuse descendance, alliée aux Le Peultre et aux Canaye, continua pendant un siècle et demi à y perfectionner l'industrie tinctoriale à tel point que la réputation des Gobelins éclipsa celle des autres teinturiers, et que la rivière et le quartier prirent leur nom dès le xvie siècle.
Ci-après voici le plan du premier site de la manufacture et la rue Berbier du Mets sous laquelle coule la Bièvre canalisée.
Pour affranchir le royaume des dépenses importantes dues à l'importation des tapisseries étrangères et éviter la sortie de cet argent du royaume, le roi Henri IV décide, en avril 1601, d'installer Marc de Comans et François de La Planche, des tapissiers flamands. dans « une grande maison où antiennement se faisoit teinture ».
Appréciant la qualité des productions de l'enclos des Gobelins, Colbert réussit à convaincre Louis XIV de donner les moyens nécessaires au lustre censé glorifier la monarchie.
C'est ainsi qu'incluse dans la Manufacture des Meubles de la Couronne, la Manufacture des Gobelins reçoit de l'édit royal de novembre 1667 son organisation définitive, d'importants avantages étant octroyés à ses habitants : exemption d'impôts, renoncement au droit d'aubaine, entretien des apprentis choisis etc...
Charles Le Brun y déploie jusqu'à sa mort le 12 février 1690 une prodigieuse activité, en implantant les premiers métiers de haute lisse (19 tentures) et en basse lisse (34).
Les œuvres de la Manufacture, destinées à l'ameublement des Maisons royales et aux présents diplomatiques, acquièrent par leur magnificence une réputation internationale qui subsiste trois siècles plus tard.
Différents successeurs tels Pierre Mignard et Robert de Cotte continuent et développent le projet de Le Brun.
En 1665, l'atelier de teinture est officiellement organisé par Colbert ; la teinture est alors réalisée à l'aide de colorants naturels d'origine végétale ou animale (gaude, garance, indigo, kermès, cochenille).
Le règne de Napoléon donne un regain de vie, la Manufacture ne travaillant plus que pour l'Empereur qui souhaite que ses productions soient « le principal ornement des Maisons Impériales ».
Quatre-vingts à quatre-vingt-dix ouvriers répartis entre les ateliers de haute et basse lisse relatent alors l'épopée impériale d'après les tableaux historiques de David, Gros, Meynier Girodet-Trioson… tout en répliquant également les portraits de l'Empereur et de sa famille.
La Restauration fait reprendre les portraits de la fin du règne de Louis XVI et le Second Empire les portraits de Napoléon III et de l'Impératrice.
En 1825, les métiers de basse lisse sont envoyés à Beauvais, les tapisseries des Gobelins seront dorénavant tissées exclusivement en haute lisse.
Située pendant deux siècles au pied de la colline de Chaillot, Charles X fait s'installer, le 15 février 1826, la Manufacture de la Savonnerie (ateliers de tapis) dans l'enclos des Gobelins.
Ce nom provient de son ancienne installation dans une ancienne fabrique de savon.
Rattachée à l’administration du Mobilier national depuis 1937, la Manufacture nationale des Gobelins et la Manufacture de la Savonnerie, tissent toujours des tapisseries et des tapis pour décorer des édifices publics en faisant appel à de nombreux artistes : Cézanne, Arp, Léger, Calder, Sonia Delaunay, Jean Lurçat, Miró, Vasarely, et tant d'autres, témoignant ainsi des multiples possibilités d’un mode d’expression ouvert à toutes les tendances esthétiques et contemporaines.
Actuellement la laine vient de Nouvelle Zélande et toutes les couleurs viennent de l'industrie chimique.
On voit, sur la dernière image, Brigitte Macron choisissant un tapis pour l'Elysée.
Rénovée à partir des années 1970, la grande galerie fête son 400e anniversaire lors de sa réouverture au public le 12 mai 2007.
La manufacture forme toujours dans ses ateliers écoles, des liciers en trois ans, pour perpétuer les techniques anciennes adaptées aux œuvres contemporaines.
Visite très intéressante où nous avons admiré la patience de ces liciers et licières qui passent plusieurs années sur la même oeuvre : tapisserie ou tapis.
Dommage, les photos n'étaient pas autorisées ; elles viennent presque toutes d'internet.
Retour difficile à Taverny avec deux heures de car... mais avec de bons et beaux souvenirs en tête.